vendredi 18 avril 2008

Elections US 2008: Il faut sauver le candidat démocrate

Le 22 avril prochain, la primaire de Pennsylvanie version 2008 s’ouvrira. Et c’est un mois et demi d'une campagne lancée depuis la dernière primaire qui se clôturera. Semble t-il dans un soulagement général. Les éditorialistes du « New York Times » s’interrogent : mais « qui a eu la brillante idée de laisser six semaines ouvertes avant les primaires de Pennsylvanie ? » et les tensions au sein du camp démocrate sont plus que palpables, à vif.
De fait ce n’est pas le 21e débat du 16 avril, le premier depuis la double victoire d’Hillary Clinton dans l’Ohio et le Texas qui permettra d’apaiser les esprits. Il a permis au contraire à la controverse « de l’amertume » de prendre une nouvelle ampleur. Voici Barack Obama obligé de s’expliquer sur des déclarations qu'il aurait tenu en Californie face à un parterre de financiers. Selon lui, les frustrations des citoyens des petites villes américaines les conduiraient à « s’accrocher aux armes à feu ou à la religion » voire à développer « de l’antipathie pour ceux qui ne sont pas comme eux. » Une véritable pierre dans le jardin de l’Amérique éternelle, celle du droit au port d’armes et de la foi religieuse. Un rocher dans celui d’Obama alors même qu’il avait construit sa campagne sur l’union des américains et le dépassement des clivages. Ce mercredi soir, Hillary Clinton n’a pas résisté, elle a enfoncé le clou épinglant cet "élitisme." Elle a mis le pied sur le rocher pensant sans doute pouvoir reprendre de la hauteur. Obama semble fatigué, et commetdes erreurs tandis qu'Hillary multiplie les attaques, de plus en plus frontales. Toutefois est-ce assez pour faire oublier ces propres errements et surtout remonter le retard accumulé lors des primaires face à son adversaire.

Cette stratégie semble pour l’instant peu efficace. Une inefficacité marquée en ce qui concerne la course aux superdélégués. Car derrière ce rideau de fumée de polémiques, c’est l’objectif superdélégué qui est désigné. Une campagne médiatique est lancée à chaque ralliement. Celui d’Harry Thomas du district de Columbia en faveur d'Obama n’y a pas échappé. Harry Thomas a même du intervenir. Le camp Obama faisait en effet circuler le bruit qu'ils étaient parvenus à le détourner du camp Clinton, son choix original. Non, selon lui, il était demeuré neutre jusque là.

Les superdélégués indécis, eux, attendent et ne prendront pas de décision à partir des récentes polémiques. Polémiques en série qui n'auraient en fait, que peu d'incidence sur leur choix final. Car comme le rappelle John W.Olsen, délégué du Connecticut non engagé, « nous avons entendu beaucoup de choses sur les gaffes et leur influence sur l’électorat, mais ce qui est réellement important pour les gens c’est comment on va s’occuper de l’économie et créer de l’emploi. »
Les prochaines primaires sont donc essentielles.
Pour le camp Clinton d'abord. Mais il lui faut du temps et on peut s’interroger sur la volonté des responsables du parti démocrate de lui en accorder. La sortie de John McCain critiquant « la condescendance » des propos de Barack Obama laisse présager le pire pour les démocrates. Eux qui paraissent solides sur les thèmes de la guerre, des errements de l’Administration Bush, sur les difficultés économiques, viennent de porter le débat sur « les valeurs ». Et a ce petit jeu, il y a bien moins maladroit qu’un républicain. D’autant qu’on peut s’interroger sur l'état de santé du parti démocrate une fois son candidat désigné. Il s'agira alors d'affronter un parti Républicain qui a eu tout le loisir d'observer, et qui attend de pied ferme un candidat démocrate certainement affaibli par cette campagne interne. John McCain peut être serain, il attend patiemment. Et alors que son camp paraissait à la traîne, le sort de ces élections semble plus serré que prévu.
D'autant que le candidat McCain a même eu le temps de faire un peu de tourisme, parcourant sur un air de vainqueur solitaire les capitales de « la vieille Europe. »


Sébastien Deslandes