mercredi 14 mai 2008

Des chiffres et des Primaires

Il en va actuellement de la guerre en Irak comme des Primaires démocrates: au centre de tous les débats, le mot "victoire" est bien difficile à définir. Les chiffres sont pourtant clairs et sans appel pour Hillary... l'indispensable site "realclearpolitics.com" donne à Obama une avance de 168 délégués, après la victoire de Clinton en Virginie, alors qu'il reste un peu moins de 200 délégués en jeu dans les Primaires et que les "super-délégués" commencent, enfin, à se tourner majoritairement vers Obama. Ainsi, on s'approche dans les faits d'une victoire d'Obama.
Mais on est loin de la fin des polémiques, puisqu'Hillary dans son dernier discours parle de la nécessité de comptabiliser les votes des Primaires (annulées) de Floride et du Michigan ou elle partait largement favorite en janvier, avant l'ascension de son rival. Il semble de plus en plus clair que le clan Clinton soit déterminé à aller jusqu'au bout de cet argument, c'est à dire jusqu'à la Convention démocrate fin aout si un compromis n'est pas trouvé d'ici la par Howard Dean, leader du Parti Démocrate. Cet aventurisme est vivement critiqué dans la presse américaine qui accuse les Clinton "de ne pas savoir partir avec classe", une allusion cinglante à l'affaire Lewinsky. Mais, même avec toutes les entourloupes adverses imaginables et autres scénarios improbables, il apparait avec certitude qu'Obama aura une majorité de délégués d'ici juin. Les délégués des prochaines Primaires devant être répartis également, Hillary Clinton devait obtenir pour gagner au moins les 3/4 des super-délégués pour parvenir au nombre de 2024, synonyme de victoire. Cer derniers, caciques de la vie politique des Etats-Unis dont la décision est connue des électeurs, ne peuvent plus ne pas prendre en compte l'engouement autour du Sénateur de l'Illinois.
Un engouement partiel néanmoins. Obama a perdu de sa superbe ces dernières semaines. On dit qu'il s'est "normalisé", que son style plaisait mais qu'une absence d'argumentaire l'a rendu lassant et répétitif. Son statut de "premier de classe" ne plait pas à la classe populaire blanche qui n'a pas apprécié son commentaire cynique sur "ces Républicains qui veulent vous rendre accroc aux armes et à la religion parce que l'économie est mauvaise". Avec cette phrase, sa plus grande erreur de campagne, Obama se coupe d'une bonne partie de son électorat potentiel ("Reagan democrats" et indépendants) et s'européanise dangeureusement, le précèdent de John Kerry en 2004 faisant figure de rappel. C'est dans ce cadre qu'il faut replacer l'affaire du Pasteur Wright qu'Obama dénonce depuis que ce dernier affirme que son "élève" est secrétement en accord avec lui.
Mais, comme disait récemment John Stewart du Daily Show, Mc Cain a lui aussi un pasteur faisant office de boulet à la cheville: George W. Bush. Les sondages montrent que les électeurs sont inquiets à près de 43% d'un possible "troisième mandat Bush" (qui n'est pas sans rappeler les craintes en France quant à une candidature de Jacques Chirac en 2007), tandis que l'écart se creuse (4-5%) avec ses deux rivaux démocrates. Face à Obama, vainqueur plus que probable, il devra lutter contre une sorte de mix entre Luther King et JFK. La tâche n'est pas si difficile qu'on le prédit: Obama n'est pas à son meilleur dans les duels télévisés. Voila une faille à exploiter pour le candidat républicain qui propose d'ailleurs une série de duels thématiques aux quatre coins de l'Amérique. Obama a répondu positivement, pour le plus grand bonheur des amoureux de la démocratie (dont nous sommes!). Cette élection est décidemment bien différente.

Michael Benhamou

Liens utiles :
http://jeffreygoldberg.theatlantic.com/archives/2008/05/obama_on_zionism_and_hamas.php. Interview de Politique étrangère de Barack Obama.http://www.realclearpolitics.com/video_log/2008/05/clintons_victory_speech.html. Discours d'Hillary Clinton en Virginie.http://www.youtube.com/watch?v=OT141FE4Rb0. Mc Cain chez John Stewart